Tout d'abord, la dimension de la réglementation et de la conformité, en particulier celles qui imposent des contraintes financières lourdes sur les business models existants et les opérations. Cela inclut, par exemple, l'alignement de 1,5 °C dans le cadre de l'initiative des Objectifs Basés sur la Science, la classification de la Taxonomie de l'UE des entreprises durables, les réglementations spécifiques à l'industrie telles que la réglementation européenne sur les batteries ou le Plan d'Action pour l'Économie Circulaire, la future Directive sur la Due Diligence en matière de Durabilité des Entreprises (CSDDD) et le Mécanisme d'Ajustement des Frontières Carbone (CBAM), mais aussi les notations ESG du marché financier peuvent être considérées comme pertinentes.
Deuxièmement, la perspective des risques et opportunités commerciales actuelles et futures découlant de l'exploitation sur un marché mondial axé sur le développement durable et franchissant les limites mondiales des ressources naturelles. Cela comprend les risques physiques liés au changement climatique, les risques de transformation liés aux business models devenant obsolètes, les opportunités découlant de nouveaux relais de croissance dans un environnement à bilan carbone à zéro, les risques de chaîne d'approvisionnement provenant des marchés émergents et la hausse des coûts de l'énergie fossile due aux prix du CO2.
Les problématiques ainsi identifiées doivent être considérées comme importantes pour le directeur financier (CFO) et les fonctions financières de l'entreprise si elles ont un impact sur la stratégie commerciale car elles atténuent les risques de transformation ou physiques. Elle sont également liées à la législation à venir ou ont un impact direct sur les bénéfices ou les coûts de l'entreprise.
La résilience au sein d'une transformation en matière de développement durable devient rapidement un avantage concurrentiel
Le fait que les émissions de carbone deviendront un moteur de la performance financière des entreprises dans les années à venir peut sembler plausible aujourd'hui, mais cela ne l'était pas il y a quelques années seulement. Des conclusions similaires peuvent être tirées pour d'autres problématiques ESG qui ont gagné une impulsion considérable ces dernières années. Déjà aujourd'hui, la consommation d'eau et sa rareté, ainsi que la perte de biodiversité, représentent de véritables menaces pour les industries et doivent donc être prises en compte. Il en va de même pour l'approvisionnement en matières premières et en matériaux recyclés, car leur disponibilité deviendra encore plus limitée. Ainsi, il est nécessaire de tenir compte des futures augmentations de prix dues à la pollution et à nos modes de consommation actuels. Les directeurs financiers sont bien avisés d'inclure ces considérations à l'ordre du jour de leur agenda.
Alors, pourquoi ne pas le faire ? Cela peut sembler complexe et imprévisible à première vue, mais si l'on regarde en arrière les premières prédictions sur le climat, on constate que l'écart par rapport à la réalité d'aujourd'hui est plutôt faible. Des conclusions similaires devraient être tirées en ce qui concerne d'autres limites planétaires pour une économie mondialisée. Arbitrer certaines décisions financières au prix du développement durable n'est pas une limite à l'égard de certains business models, mais plutôt une autonomisation des directeurs financiers et de leurs membres du conseil d'administration à prendre des décisions en faveur de l'avenir de leur entreprise.